Gérard RAYMOND-PIERRE
… le voyageur.
Artiste-peintre, Écrivain et Essayiste, toute l’œuvre de Gérard RAYMOND-PIERRE parle de l’inaccessible et de notre chute. Pas étonnant dès lors qu’il traduise l’inaccessible par l’abstraction et la chute par des figurations très expressives, mais où, toujours, perce le rêve très ancien de l’humanité d’atteindre les étoiles.
Les étoiles firent très tôt parties de sa vie. Son père, ingénieur dans l’aérospatiale, lui communiqua sa passion pour l’espace. Tout enfant déjà, il voyageait vers les galaxies lointaines et se gavait de littérature de science-fiction.
Mais pas seulement. Par sa mère, il découvrit aussi l’Antiquité, établissant aisément un pont entre les deux mondes : les constellations ne sont-elles pas des dieux et des héros nous regardant du ciel ? Enfin, il y avait cet arrière-grand-père dont on lui parlait souvent, personnage par bien des aspects mythologique qui occupa son existence à faire plusieurs fois le tour du monde. Tout était en place pour que l’enfant soit attiré par les ailleurs. Tout, même les raisons de la chute : ces lieux hautains et inaccessibles dont parle Montaigne n’étant pas faits pour l’homme…
De l’homme parlons-en un peu. Né en 1971, Gérard RAYMOND-PIERRE a d’abord suivi les traces de son père en devenant dessinateur projeteur et responsable d’un bureau d’étude, puis expert en organisation industrielle. Selon lui, il y a de la magie dans les réalisations technologiques les plus complexes. Et, longtemps, cette magie lui suffit à combler son besoin d’évasion. Dans le cadre de son métier, il fut amené à voyager en Afrique et surtout en Amérique Latine. C’est au cours de ces séjours, parfois de plusieurs mois, qu’il développa son talent pour le dessin et la peinture. Car arriva le moment où les réalisations de l’homme ne lui suffirent plus. Il voulait comprendre plus, imaginer l’ailleurs, percer le secret des êtres qu’il côtoyait, comprendre, enfin comprendre sa place dans l’Univers. Impossible ! Pourtant cela jamais n’arrêta quiconque veut véritablement se confronter aux mystères du Cosmos. L’art prenant de plus en plus d’importance dans cette quête, il y a quelques années, il décidait de franchir un cap et de devenir artiste peintre. N’est-il pas commun de penser que seul les enfants, les fous et les artistes peuvent percer les mystères invisibles aux yeux des simples mortels. Très vite une évidence s’imposa : comme enfant il recherchait toujours la couleur qui n’existait pas pour traduire les visions que lui procuraient ses rêves, l’inaccessible serait son terrain de prédilection. Chercher la personne derrière le personnage, ces masques dont il parsème sa création en sont le symbole. Mettre en avant la vérité des corps hante toute son œuvre, de ces corps tellement exhibés dans notre monde, pour le pire et le meilleur, que l’on finit ordinairement par ne plus les voir. Traquer l’invisible, les anges traversant nos existences comme les lieux souterrains où nous tentons de nous dissimuler de nous-mêmes, se retrouve en filigrane de chaque réalisation. Regardez sa technique. D’abord il réalise un fond abstrait, à l’encre, comme pour dire l’indélébilité de cette trame, imperceptible, sous-tendant nos actes. Puis, par-dessus, il réalise le sujet au pastel. Or qu’est-ce que le pastel, sinon cette poussière dont parlaient déjà les présocratiques et l’Ecclésiaste : le symbole même de nos vies si éphémères. Le résultat montre la trame craquelant les regards, gâtant les peaux, exposant la vanité de nos destins individuels.
Cependant, on peut aussi voir que les visages, les corps ne disparaissent pas véritablement. Ils se dissolvent dans quelque chose de plus vaste. Ils retournent au Cosmos dont ils ont jailli. Bien sûr, il y a de la mystique dans cette œuvre. La transcendance est toujours présente. Elle est même au cœur de ce qui fait avancer l’artiste. Même si, et c’est la toute la cruauté de son travail, Gérard RAYMOND-PIERRE sait que, si l’œuvre peut toucher au sublime, lui, en tant qu’homme, ne saurait être voué à autre chose qu’à disparaitre sans véritablement être parvenu à ses fins. C’est ce qui frappe chez ce créateur : il ne recherche aucune gloire, aucune popularité. Seule l’œuvre compte, car elle est ce que son esprit peut produire de meilleur. Elle seule arrive parfois à rivaliser avec la beauté silencieuse des étoiles.